Comment réagir à la dépression d’un proche ?

La dépression modifie les relations de la personne avec son entourage, ce qui peut entrainer :
—–un bouleversement des repères familiaux,
—– une dégradation des relations,
—– une souffrance des proches.

Néanmoins, le soutien de l’entourage est un facteur de protection. Un entourage présent et soutenant participe à l’amélioration de la maladie.
Les proches sont donc essentiels dans le parcours thérapeutique de la personne souffrant de dépression.

Or, ils sont souvent les grands oubliés des prises en charge. Ils ne savent pas toujours quelle attitude adopter et se retrouvent fréquemment démunis.
Dans cet article, je souhaite te parler de ce qui peut te permettre d’accompagner au mieux ton proche atteint de dépression.

📊 La dépression est un véritable enjeu de santé publique.
Au cours de la vie, la dépression est susceptible de toucher environ 1/6 homme et 1/4 femme.


Quel impact de la dépression pour l’entourage ?

Depuis longtemps, les chercheurs ont démontré le lien entre la souffrance psychique d’une personne et celle des membres de sa famille.
Que la personne souffre en raison des conflits familiaux ou que la souffrance familiale provienne des symptômes de la personne, l’ensemble du groupe familial est confronté à la dépression.

Quel que soit les symptômes dépressifs de l’individu, sa famille souffre avec lui. L’entourage et l’individu partagent des sentiments :
de tristesse
d’impuissance
de culpabilité

La tristesse est inhérente à la dépression, elle est même sa composante principale. Elle infiltre toutes les sphères de la vie de la personne, incluant ses relations aux autres.

L’impuissance touche aussi bien la personne, qui est dans l’incapacité de percevoir un avenir meilleur, que ses proches, qui ne savent comment aider la personne à retrouver la pulsion de vie qu’elle a perdue.

La culpabilité est, elle aussi, présente des deux côtés. L’individu s’en veut de faire souffrir son entourage. Les proches cherchent le rôle qu’ils auraient pu tenir dans l’apparition de la maladie. Or, la dépression n’est jamais liée à une unique cause, elle est issue de multiples facteurs.

« La tristesse vient de la solitude du coeur. »

Charles de Montesquieu

Qu’est ce que la dépression ?

Des études démontrent que l’entourage est moins touché psychologiquement lorsqu’il comprend que les attitudes de son proche sont dues à la dépression et non à sa personnalité.
Ainsi, expliquer les implications de cette pathologie fait naître en lui des sentiments d’espoir et d’empathie.

Dans ce chapitre, je vais donc prendre le temps de t’expliquer ce qu’est la dépression. Si tu as déjà des connaissances sur ce trouble, alors file au chapitre suivant !

⚠️ Se sentir triste, avoir « la flemme » ou des soucis de sommeil ne signifie pas obligatoirement souffrir de dépression. Ces sentiments font partie de la vie. La tristesse et la douleur sont des émotions humaines normales.
Il ne faut pas confondre ces moments de « déprime » avec le diagnostic de dépression.

Le terme de dépression ne s’emploie pas à la légère.
Pour poser le diagnostic, cela nécessite plusieurs symptômes spécifiques qui doivent :
—– ⇨ générer une souffrance importante et inhabituelle
—– ⇨ se manifester :
————– depuis au moins 15 jours,
————–quasiment chaque jour,
————–presque toute la journée.

La 3 symptômes principaux

Les émotions et les pensées d’une personne dépressive sont marquées par une souffrance permanente.
Cette douleur est plus désagréable que toutes les autres que l’individu a déjà connu. Elle est une véritable rupture dans la vie de la personne. Elle le coupe de son fonctionnement habituel, mais aussi de son entourage.

Dans la dépression, deux autres symptômes s’associent à la souffrance :
—- une tristesse qui semble envahissante, inapaisable et incompréhensible, elle ne semble pas directement reliée à une cause.
—-une perte d’intérêt et de plaisir pour tout ce qui passionnait l’individu auparavant. Tout semble terne, sans importance et sans signification.

Les symptômes spécifiques

Ces symptômes sont durables et sont présents dans différents domaines de la vie quotidienne :
———- La vie affective
———-Le fonctionnement intellectuel
———-Le fonctionnement physiologique

La vie affective :
Hypersensibilité / Anesthésie affective : les personnes souffrant de dépression peuvent réagir avec excès ou bien, à l’opposé, avoir la sensation de ne plus éprouver d’émotions.
Sentiment d’abandon, d’inutilité et de solitude : les personnes ont le sentiment de ne pas être aimées, de n’avoir rien à dire d’intéressant, de ne plus être dignes d’intérêt.

Le fonctionnement intellectuel :
Difficultés intellectuelles : il est difficile de réfléchir, de s’adapter et d’accomplir des tâches qui paraissaient naturelles auparavant. Ces manifestations sont liées à une diminution de l’attention, de la concentration et de la mémoire.
Dévalorisation de soi : la personne se sent incapable, se pense sans valeur. Il lui est difficile de demander de l’aide et de croire qu’un traitement peut changer sa condition.
Pensées négatives : la personne analyse ce qui l’entoure sous un angle systématiquement négatif. Cela peut aller jusqu’à des pensées autour de la mort.

Le fonctionnement physiologique :
Fatigue : la sensation de manque d’énergie se mêle au découragement. Cela s’accompagne d’une altération du sommeil, la fatigue dépressive ne cesse pas avec une bonne nuit de sommeil. L’appétit est également perturbé, les aliments semblent insipides et cuisiner apparaît comme une corvée.
Ralentissement : les émotions, les pensées, la parole et les gestes sont ralentis par la maladie.
Symptômes physiques : des douleurs comme des maux de tête ou des soucis digestifs peuvent apparaître.

☝🏼 N’oublie pas d’expliquer la dépression aux aux gens qui t’entourent car beaucoup de conflits ou de ruptures proviennent de la méconnaissance de ce trouble.

La dépression ne se résume pas à la tristesse, elle est un ensemble complexe de symptômes.
Contrairement aux stéréotypes, elle n’est ni une fatalité, ni une preuve de faiblesse. Elle peut toucher chacun de nous à un moment de la vie.

La volonté n’est pas suffisante pour s’en sortir, entre autre car cette maladie implique des pensées négatives et une dévalorisation de soi.
Le rôle de l’entourage prend alors tout son sens dans la prise en charge.

« La dépression frappe au hasard : c’est une maladie, pas un état d’âme. »

Tahar Ben Jelloun

Que dire, que faire quand son proche est en dépression ?

La dépression est douloureuse pour la personne qui la vit, mais également pour les gens qui l’entourent. Deux raisons expliquent cela :
—— ⤳ la dépression est un trouble difficile à comprendre pour quelqu’un qui ne l’a jamais vécue.
—— en tant que proche, il est compliqué de trouver une « juste place » pour venir en aide au mieux.

Quelle attitude adopter ?

——– La compréhension

Il est important que tu gardes à l’esprit que la dépression est une maladie et non un choix de la personne. Cela passe, notamment, par l’apprentissage des symptômes, des causes et des traitements possibles.

Comprendre c’est aussi intégrer qu’il est extrêmement difficile de guérir d’une dépression.
Il te sera alors beaucoup plus facile de tolérer la situation et d’accepter les rechutes dépressives, qui font malheureusement partie intégrante de la maladie.

Les interprétations sur ce qui a provoqué la dépression sont souvent très éloignées des causes réelles du trouble. Plutôt que de perdre un temps précieux à te demander « pourquoi ? », concentre-toi sur l’acceptation de la situation et demande-toi « comment ? » aider au mieux.
La compréhension se centre surtout sur le « comment ? » plutôt que sur le « pourquoi ? ».

——– La bienveillance

Un soutien efficace suppose le respect d’une « juste distance », c’est-à-dire une présence bienveillante mêlant affection, écoute et patience.
Néanmoins, il n’est pas question de devenir « étouffant », au risque d’infantiliser ton proche, de participer à la dévalorisation de lui-même, et de le rendre dépendant de ton aide.

Cette attitude passe par :
—- Une ouverture à la discussion. Même si la personne a tendance à ressasser, à se répéter ou à rester sourd à tes mots réconfortants, il est essentiel de toujours est disponible pour l’écouter.
—- Une valorisation de ses efforts. Que ce soit par la parole, par un geste ou un sourire, il est essentiel de mettre en valeur chaque amélioration.
—- Des petites attentions particulières. Cela ne pourra qu’être bénéfique, même la personne ne montre pas l’enthousiasme que tu attendrais. Cette indifférence une manifestation de la dépression, et non pas un manque de reconnaissance.

——– L’empathie

L’empathie est la capacité à s’identifier à quelqu’un dans ce qu’il ressent. Cela implique de rassurer ton proche en lui disant que :
————– tu comprends ses difficultés,
————– tu ne le penses pas fou,
————–c’est une maladie qui touche des milliers de personnes,
————– l’on peut s’en sortir avec de l’aide et du temps.

⚠️ Il n’est en aucun cas question de brusquer la personne pour qu’elle « se bouge ».
L’empathie c’est, avant tout, avancer AVEC et non pas CONTRE la personne.

Une attitude empathique exclue tous les reproches et les « bons » conseils, tels que « Secoue-toi ! », « Bouge-toi un peu au lieu de ruminer », « Fais un effort, c’est juste une question de volonté », « Si j’étais toi, je ferais… », « Tu as tout pour être heureux », etc…
N’oublie jamais que la dépression est une maladie. Il ne te viendrait jamais à l’esprit de demander à une personne atteinte d’une intoxication alimentaire d’arrêter de vomir.

Les effets de ces conseils ou reproches sont contre-productifs. Si la personne n’a pas l’énergie d’y répondre positivement, ils vont accentuer la dévalorisation de soi et le sentiment d’impuissance.
La personne se sentira comme incomprise, elle aura l’impression que sa souffrance n’est ni entendue, ni reconnue.

Ces effets négatifs peuvent alors aggraver la symptomatologie dépressive et peuvent favoriser des idées suicidaires.

——– L’observation de son comportement

Les symptômes de la dépression n’apparaissent, généralement, pas brutalement. Il y a une dégradation progressive de l’état. Mais la personne peut avoir tendance à minimiser l’ampleur de sa souffrance. L’entourage est alors un regard extérieur plus à même de reconnaître l’apparition du trouble dépressif.
L’entourage proche est fréquemment celui qui s’aperçoit que quelque chose ne va pas.

Cette observation porte sur les évolutions du comportement par rapport : 
—- à la personne elle -même : apparence, appétit, sommeil, humeur, etc…
—- aux autres : repli sur soi, irritabilité, baisse ou reprise des sorties, etc…
—- à la vie quotidienne : les tâches domestiques, son envie d’aller travailler ou d’entreprendre des loisirs, etc…

Alors, sois attentif aux évolutions que tu observes.
Mais, ne te contente pas de les penser, parle-en à ton proche que ce soit positif ou négatif. Un retour positif est un encouragement, quand un retour négatif est un signal d’alerte.

Puis, quand votre proche va mieux, laisse-le tranquillement reprendre son rythme et la place qu’il occupait avant la maladie.


Quelle aide proposer ?

——– Proposer des activités et des sorties

Tu peux soutenir ton proche en l’invitant à faire des activités et des sorties ensemble.

Ne te soucie pas si elle refuse tes propositions. Le simple fait de la solliciter lui permet d’exister et de garder sa place. Et puis, peut être, qu’un jour la réponse sera positive, qui sait ?

Mais, attention, il peut être complètement contre-productif de brusquer ton proche en lui proposant sans cesse de faire des choses. Une personne souffrant de dépression se fatigue très vite car elle lutte en permanence contre sa fatigue et ses idées noires.
Il est donc question d’être à l’écoute de ses besoins et de ses envies.

——– L’accompagner dans ses démarches

La maladie implique souvent de nombreuses démarches : arrêt maladie, mi-temps thérapeutique, mutuelle, employeur, etc… Ton proche peut avoir besoin d’un petit coup de main !

Mais il essentiel d’éviter d’être envahissant et de vouloir tout gérer à sa place.
Sinon, elle aura l’impression d’être infantilisée ce qui va accentuer la dévalorisation et la perte d’estime de soi. Je l’ai déjà évoqué, mais là encore, le respect de la « juste distance » est primordial, même si celle-ci peut être difficile à trouver.

——– Lui proposer de consulter un professionnel

Même si les symptômes sont assez bruyants, la personne concernée par la dépression a souvent du mal à les repérer.
Ainsi, si tu observes chez un de tes proches les signes de dépression, il est essentiel que tu l’encourages à consulter. L’entourage ne peux remplacer les soignants pour repérer la dépression mais il joue un rôle de facilitation dans prise de contact avec eux. 

Pour une personne qui souffre de dépression, les choses simples peuvent sembler insurmontables. Il y a souvent un écart entre ce qu’elle accepte de faire et ce qu’elle va réellement faire.
—– ⤳ Si elle est d’accord pour consulter,
———alors il sera peut être nécessaire que tu appelles toi-même pour prendre le rendez-vous.
—– ⤳ Si elle est dans refus total,
———alors n’hésites pas à lui faire part de ton ressenti et de tes inquiétudes.

Au-delà du diagnostic, consulter un professionnel permet de mettre en place une psychothérapie et/ou un traitement médicamenteux.
Ton proche aura alors encore besoin de toi ! Il est nécessaire que tu crois en sa capacité d’aller mieux, même si les résultats peuvent mettre un peu de temps à être visibles.

⚠️ Si tu as des doutes sur la prise en charge, n’hésites pas à contacter le professionnel en question.

L’efficacité d’une prise en charge thérapeutique repose en premier lieu sur la relation.
Si le patient ne se sent pas en confiance avec le professionnel, alors n’hésites pas à lui soumettre l’idée d’en changer. Cela ne remet pas en cause les compétences du médecin ou du psychologue et c’est une décision qui peut être réellement bénéfique pour ton proche.


Et quand cela devient trop difficile, que faire ?

Ton soutien est indispensable mais il demande force et courage.

Il est normal que tu ressentes de la fatigue et du découragement. Avec le temps, ces sentiments risquent d’évoluer en colère et d’avoir un effet négatif sur votre relation. 
Pour cette raison, il est indispensable que tu te préserves !

Quelques conseils pour éviter l’épuisement :
——-Continue d’avoir des activités qui te procurent du plaisir et du bien être, elles te donneront le sourire et la force dont ton proche a besoin.
——-N’oublie pas ta propre souffrance, il peut être nécessaire que tu fasses appel toi aussi à un profession pour te soutenir.
——- Ne prends pas pour toi ce que ton proche dit, il peut prononcer des paroles blessantes, car il est dans une grande souffrance.

Tu n’es pas la solution miracle à la dépression de ton proche !
Garder cette phrase en tête est nécessaire pour ne pas culpabiliser de ton impuissance. Tu ne peux pas avoir une réaction parfaite à chaque fois, tu es et reste humain.

🌸 Cet article propose des pistes de réflexion concernant l’attitude et l’aide à adopter. Mais, il peut être incomplet et ne pas correspondre à certaines situations.
Il serait intéressant, si toi-même tu es dans cette situation, que tu complètes ces propositions dans les commentaires.

« Les mots gentils peuvent être courts et faciles à dire, mais leurs échos sont vraiment infinis. »

Mère Teresa

Bibliographie

Frank Bellivier & Emmanuel HaffenActualités sur les maladies dépressives. Lavoisier, 2018
Michel GoudemandLes états dépressifs. Lavoisier, 2010
https://www.la-depression.org/

En psychologie, qu’est ce que le bonheur ?

La recherche du bonheur est, très souvent, la raison pour laquelle les patients viennent me voir.
Ils veulent « que ça aille mieux », « arrêter de souffrir », « être heureux », etc…

Les ouvrages se multiplient pour nous donner la recette du bonheur. Ils nous donnent des conseils, voire un mode d’emploi, pour nous permettre d’être heureux à 100% et pour toujours.
Freud l’évoque, lui aussi. Il précise que les humains « aspirent au bonheur, ils veulent devenir heureux et le rester »

Chacun veut sa part de bonheur, peu importe ce que cela veut dire, pourvu qu’on en profite ! 

Cette exigence de bonheur est une recherche obsessionnelle de perfection : il FAUT vivre heureux, ou du moins il faut SE MONTRER heureux.

On est tous d’accord sur le mot, tous d’accord pour dire que c’est notre objectif, mais on ne sait pas ce que cela veut dire.
Le bonheur tout le monde en veut mais sans savoir ce que c’est !

« Le bonheur, c’est d’en connaître sa définition pour ne plus le chercher. »

Sonia Lahsaini

Et si on partait de la définition ?

Les dictionnaires définissent le bonheur comme « un état de la conscience pleinement satisfaite ».
Dans cette définition 2 mots sont importants :
——La satisfaction
—— La conscience

La satisfaction

Le bonheur serait lié à la satisfaction de tes besoins.
Ils sont nécessaires et indispensables à la vie.

La catégorisation la plus connue est la pyramide de Maslow qui hiérarchise les besoins :
⤳ les besoins physiologiques : la faim, la soif, le sommeil, etc…
⤳ le besoin de sécurité : financière, physique, morale, psychologique, etc…
⤳ le besoin d’appartenance et d’amour : aimer et être aimé, se sentir entouré, etc…
⤳ le besoin d’estime de soi : la considération, la reconnaissance, etc…
⤳ le besoin de réalisation de soi : exploiter et mettre en valeur son potentiel, se sentir utile, etc…

Ces « petites satisfactions » prises une à une ne sont pas suffisantes mais si tu en es privé alors il sera difficile pour toi d’être pleinement heureux. Ton sentiment de bonheur repose, en partie, sur la multiplication de ces petites satisfactions de tes besoins.
Mais cela ne suffit pas !

Freud évoque cette notion de satisfaction.
Selon lui, l’humain est soumis à une tension interne, source de déplaisir. Pour s’en défaire, il doit satisfaire ses pulsions, ce qui lui fait éprouver du plaisir.

La conscience

Même si tes besoins sont satisfaits, tu peux passer à côté du bonheur toute ta vie !
Être heureux suppose de prendre conscience de l’existence et de l’importance de ces satisfactions lorsqu’elles surviennent.

Si tu n’es pas conscient, tu ne reconnaîtras le bonheur que lorsqu’il ne sera plus là. Cette conscience nous fait donc aussi percevoir que ce bonheur est éphémère.
Une fois que tu le vis, tu souhaites tout faire pour le garder, avec la crainte qu’il ne dure pas.

Pour être heureux, il est donc nécessaire que tu cultives ta conscience, grâce à la gratitude !
Ce n’est pas une faculté innée, tu peux l’entraîner, comme un muscle.

💌 Par exemple, pour prendre conscience de ton bonheur, tu peux tenir un journal de gratitude.
Chaque jour, dans un petit carnet spécial, écris 3 à 5 choses qui te rendent heureux.


Le bonheur n’est pas le plaisir

Chaque propre a sa propre définition du bonheur.
Pour certains, le bonheur renvoie à la stabilité, il s’inscrit forcément dans la durée. Pour d’autres, le bonheur est éphémère, il est composé de courts instants intenses, riches en émotions.

Une solution a ce désaccord serait de différencier le bonheur du plaisir :
—– ⤳ Le plaisir serait une sensation, c’est-à-dire un instant intense mais de courte durée.
—– ⤳ Le bonheur serait un état permanent, moins puissant mais plus durable.

Le bonheur est donc évidemment lié au plaisir mais ne se réduit pas à cela.
En effet, en neurobiologie :
⇨ Le plaisir produit de la dopamine, une hormone addictive
⇨ Le bonheur produit de la sérotonine, une hormone anti-stress
Or, trop de dopamine sature les capteurs de sérotonine, donc trop de plaisir empêcherait l’accès au bonheur.

☝🏻 Le sucre ou la drogue sont de bons exemples !
Leur arrivée dans ton sang produit de la dopamine, elle offre un plaisir instantané mais éphémère.
Ces produits ne te rendent pas plus heureux sur le long terme, bien au contraire…

Pour parvenir au bonheur, ne cours pas après des petits plaisirs inutiles et temporaires, mais lis plutôt la suite de cet article !


Et le malheur alors ?

Une vie heureuse n’est pas une vie sans souffrances, tu as le droit d’être malheureux !
Je dirais même, être malheureux est incontournable ! Le malheur, que tu le veuilles ou non, fait et fera partie ton existence.

Et je vais te donner une raison de t’en réjouir !
Des études ont montré que plus le niveau de bien-être d’une personne est élevé, moins les événements heureux de sa vie contribuent à son bonheur. Quand tu es heureux, ce qui fait ton bonheur devient banal, le positif devient normal.

Un peu comme avec l’argent :
➛ plus tu en as, moins en avoir davantage te rend heureux
➛ moins tu en as, plus une petite somme provoque en toi une grande joie

😜 C’est assez logique en fait !
Lorsque tu es habitué à profiter d’une douche chaude tous les matins, tu ne sautes pas de joie à l’idée de te laver, mis à part lorsque ta chaudière a été en panne 1 semaine.

Les moments de malheurs mettent donc en valeur les moments de ta vie où tu es heureux.

« Le bonheur est un état d’esprit. Il s’agit de la façon dont vous regardez les choses. »

Walt Disney

Le bonheur en psychanalyse

Le bonheur n’est pas un concept psychanalytique mais il fait partie des questions fondamentales de l’être humain donc de nombreux psychanalystes l’évoquent.

Selon Freud, le bonheur comporte, à la fois, un but positif et un but négatif.
Il est dû à :
« un fort sentiment de plaisir »
« une absence de douleur et de déplaisir ».

Pour lui, le monde dans lequel on vit ne se prête pas au bonheur. Hommes et femmes aimeraient une vie uniquement faite de plaisir, mais l’environnement ne s’y prête pas 

Il invite donc chacun à chercher sa formule du bonheur : « il n’y a pas de conseil qui vaille pour tous ; chacun doit essayer de voir lui-même de quelle façon particulière il peut trouver la béatitude ».

Mais, si tu souhaites être heureux, tu ne dois pas chercher le bonheur mais plutôt fuir les souffrances. Il en identifie 3 sources :
——– ⤳ celles provenant du corps
——– ⤳ celles provenant du monde extérieur
——– ⤳ celles provenant des relations aux autres
Le malheur vient de la réalité et des autres.

💡 Le bonheur est donc confronté aux « possibilités de vie » qui viennent le limiter.
En psychanalyse, on dit que le principe de plaisir est limité par le principe de réalité.

Cette conception du bonheur n’est pas tout à fait vérifiée dans la réalité. Il y a beaucoup d’autres moyens d’être heureux qu’en fuyant les souffrances.
Une branche de la psychologie a fait du bonheur son thème de prédilection : La psychologie positive.

« Le bonheur est un rêve d’enfant réalisé dans l’âge adulte. »

Sigmund Freud

Une psychologie du bonheur :
La psychologie positive

La psychologie positive se centre, comme son nom l’indique, sur les émotions positives.
Contrairement à beaucoup d’autres courants de la psychologie qui se centrent sur les pathologies mentales, celui-ci s’intéresse aux gens qui ne sont pas malades mais qui veulent aller mieux.

Elle définit le bonheur comme un trait stable de la personnalité consistant à :
être globalement satisfait de sa vie
éprouver généralement des émotions agréables : joie, espoir, gratitude, etc…
éprouver rarement des émotions négatives : anxiété, jalousie, dépression, etc…

Pour Seligman, une vie heureuse implique une vie qui :
———- ⤳ soit source de plaisir
———- ⤳ ait du sens
———- ⤳ implique que l’individu se sente engagé

Le plaisir

Le plaisir provient des expériences de vie provoquant des émotions et des pensées positives.
Comme tu as déjà pu le lire, le bonheur consiste à multiplier les expériences positives et à minimiser les expériences négatives.

Mais à quoi cela sert si cela n’a pas de sens ?

Le sens

Les moments heureux doivent être intégrés dans une vision de l’existence pleine de sens.

Mettre du sens c’est agir pour réaliser des objectifs individuels ou collectifs.
Tes actions, tes activités, doivent contribuer à quelque chose, à toi-même ou à quelque chose de plus grand que toi.

Les études montrent que le plaisir et le sens se complètent, se renforcent, et même plus, ils sont nécessaires l’un à l’autre :
—-Les émotions positives aident à percevoir le sens de sa vie.
Les sentiments positifs permettent de mieux distinguer ce qui a du sens et ce qui n’en a pas.
—- Donner du sens à sa vie offre plus de chance d’éprouver des émotions positives.
Le sens de la vie permet, face aux difficultés, de retrouver plus facilement un état de calme.

L’engagement

L’engagement est un état de concentration idéal pour accomplir une activité.
Il s’agit de ressentir de l’un intérêt pour ce que tu fais, de t’y plonger pleinement, de repousser tes limites, de te trouver de nouveaux challenges, etc…

Le bonheur vient lorsque tu es vraiment engagé dans ta vie et dans ta relations aux autres.
Cela consiste à être pleinement dans le présent. Pour cela, la méditation de pleine conscience peut te guider.

🌸 Si tu présentes les trois conditions, alors tu as toutes les chances d’avoir une vie pleine de bonheur.

« Le bonheur est en nous, puisqu’en amitié comme en amour on jouit surtout de ce que l’on donne. »

Marie Valyère

Conclusion

Il est possible de « travailler » à son bonheur.

Mais il n’y a pas de recette miracle, pas de mode d’emploi ! Intuitivement, tu sais déjà ce qui est important pour ton bonheur. Il suffit que tu te poses la question de temps en temps.
Le bonheur n’est pas une découverte mais est une prise de conscience.

Au-delà d’une destination à atteindre, le bonheur est un voyage.
En effet, les efforts, les changements, qui mènent au bonheur, sont bénéfiques en eux-mêmes. 

🌺 Des études ont pu montrer que les personnes sur un chemin de développement personnel ont une vie plus belle et plus longue.

Si je dois te donner une réponse à la question posée dans le titre de cet article, je te dirai que le vrai bonheur, c’est de le chercher.


Bibliographie

Bourdin Dominique. « De la saveur du plaisir à l’art d’être heureux ? », Empan, vol. 86, no. 2, 2012, pp. 24-35.
Frydman René & Flis-Trèves Muriel. Recherche bonheur désespérément…Presses Universitaires de France, 2010.
Van Rillaer Jacques. La nouvelle gestion de soi. Ce qu’il faut faire pour vivre mieux. Mardaga, 2012